Le photovoltaïque favorable au pâturage des ovins
Les observations faites dans la Nièvre et la Saône-et-Loire montrent que la baisse de production d’herbe est compensée par une meilleure valeur du fourrage. Résultat : la croissance des agneaux est supérieure.
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Entre 2021 et 2024 à Verneuil dans la Nièvre, un suivi de pâturage des ovins a été réalisé par la chambre d’agriculture sur une parcelle expérimentale de 8,5 hectares située dans un parc photovoltaïque de 70 hectares, en collaboration avec l’opérateur Photosol et un éleveur (Emmanuel Mortelmans). La pousse d’herbe a été mesurée une fois par mois entre la mi-avril et la mi-décembre, des observations floristiques ont été réalisées, la croissance des animaux entre la mise à l’herbe et le sevrage a été calculée.
Moins de trèfles mais des graminées plus feuillues
« Entre le 15 mars et le 19 décembre 2024, la production de biomasse sur la parcelle s’est élevée à 3 857 kg de MS par hectare, soit 68 % de celle de la zone témoin du parc (avec un ratio de taux de couverture de 48 % aux bornes des panneaux et de 39 % sur la surface clôturée), indique Christophe Rainon, conseiller ovin à la chambre d’agriculture de la Nièvre. La production herbagère a permis de nourrir 47 brebis pendant 279 jours, ce qui représente un chargement théorique potentiel de 5,5 brebis par hectare. »
Moindre en volume, l’herbe s’est révélée de meilleure qualité, ce qui a permis aux agneaux abrités sous les panneaux en cas d’intempéries ou de chaleur, de réaliser une croissance supérieure avant sevrage de +25 à 40 grammes par jour, comparativement à celle des agneaux du lot témoin. Malgré des conditions climatiques différentes, la croissance a été identique tous les ans (près de 200 grammes de gain moyen quotidien). Ces performances ont été appréciées sur deux lots distincts et homogènes de 35 brebis suitées de 55 agneaux de race herbagère à dominante Texel, non complémentés avant sevrage et conduits en pâturage continu avec un chargement identique.
Un abri contre la chaleur
Les observations faites depuis 2022 dans la Saône-et-Loire sur le petit démonstrateur du lycée agricole de Charolles (4 000 m²) et concentrées sur la pousse d’herbe et le comportement des animaux, recoupent celles de la Nièvre. « Sous les panneaux, l’herbe a un peu diminué, et les trèfles ont disparu à cause d’un manque de lumière, observe Mickaël Floquet, le directeur de la ferme du lycée agricole. Par contre, grâce à la meilleure qualité des graminées plus feuillues, la valeur alimentaire globale de la biomasse s’est maintenue. Subissant moins de coups de soleil, l’herbe est restée verte plus longtemps. Entre les tables, en particulier en automne, la biomasse a explosé. L’effet de l’ombre portée reste à évaluer. »
Sous les tables installées par la société Valeco, un retard de 10 à 15 jours des stades repères (somme des températures utilisées pour la gestion du pâturage) a été constaté. Ce décalage, est lié à un effet dépresseur sur la photosynthèse. Pour Mickaël Floquet, il ne constitue pas forcément inconvénient pour un éleveur : « avoir une parcelle qui se comporte différemment des autres, peut permettre de lisser la pousse de l’herbe ».
En 2024 à Charolles, l’orientation des panneaux a été modifiée pour mieux répartir la pluviométrie sous les tables : initialement composées de deux panneaux verticaux, le pilote agrivoltaïque est passé à l’horizontale (4H). Depuis l’humidité est plus homogène et proche des valeurs témoin. Les observations qui vont se poursuivre jusqu’en 2027 permettront de mesurer les effets correctifs de cette nouvelle disposition.
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